Balkan Karisman est originaire d’Istanbul, une ville au patrimoine bâti d’une extrême richesse, d’où lui vient sans doute son obsession du motif architectural. Une mégalopole de presque 20 millions d’habitants à l’urbanisation intense et non contrôlée, qui a pu lui inspirer son média, l’art génératif : ses animations mettent en scène des constructions s’autorenouvelant indéfiniment, selon des lois n’obéissant qu’à l’artiste.
Pneuma (« souffle » en grec ancien), réalisé à partir de cent images de stades en plongée, est une mosaïque animée figurant un mouvement infini de vague circulaire, dans un désir de composition visuelle hypnotique. L’artiste-programmateur s’intéresse aux lois qui régissent l’œuvre, et qu’il édicte lui-même à l’aide de logiciels.
Chacune des cent images utilisées pour ce projet a été générée à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle : Balkan Karisman puise dans la mémoire collective du stade pour produire une représentation qui tend vers une sorte de vérité, parce que somme de multiples icônes. La forme du stade perdure, d’ailleurs, dans ce tissu visuel ondulant, elle résiste aux vagues qui se répètent sans fin.
On reconnait, de temps à autre, les anneaux olympiques, le gazon, les pistes d’athlétisme couleur ocre et leur marquage blanc, la foule, les tribunes, la toiture, la route et la ville alentours… Autant de clins d’œil à toutes les variations possibles du stade de par le monde : son architecture, les activités qu’il abrite, les individus qu’il réunit.
Cette vague circulaire et infinie fait penser à une ola, mouvement de foule spontané et pourtant étonnamment coordonné, comme si les milliers de supporters faisaient corps autour de l’arène. Elle raconte enfin l’aura du stade, la liesse qui émane de l’arène et se propage dans la ville, comme un rêve que l’on espère ne jamais voir s’arrêter.