Duo franco-allemand de photographes d’architecture, basé à Berlin, Paris et Marseille.
Il n’y a pas un cliché de Simon Schnepp et Morgane Renou, duo franco-allemand de photographes d’architecture, qui ne laisse pas songeur, qui n’intrigue pas, par la scène qu’il représente ou la composition choisie. Leur amour des formes architecturales simples du modernisme est manifeste, presque toujours souligné par des ciels blancs qui laissent l’architecture exhiber des couleurs douces et des volumes purs, en toute franchise, sans ombre portée. Captivant est leur attrait pour l’inattendu - d’autant plus mis en valeur qu’il se trouvera dans un cadre savamment composé. Comme si l’architecture d’un côté, dans ce qu’elle a de solide, d’immuable, de structuré, de rassurant, et de l’autre la scène qui se joue à ses pieds, conjoncturelle, éphémère, correspondaient à deux univers distincts, deux temporalités différentes. Finalement, ce n’est pas de la photo d’architecture, mais de la vie et du temps qui passe, et dont l’architecture est témoin.
De la vie, dans l’ancien village olympique de Montréal il y en a peu. Le lieu est presque vide. Alors, l’œil se focalise sur les lignes de fuite, la géométrie brutale du bâtiment. Les photographes font tout pour le sortir de son contexte, en aspirent même jusqu’à la couleur. Du Biodome de Roger Taillibert érigé à 500 mètres on ne saura rien, ni de l’immense parc voisin où se retrouvent les citadins le week-end.
Seuls quelques sapins donnent une vague indication de la latitude, en plus de livrer une potentielle clé de compréhension de la forme adoptée par les immeubles : le parallèle entre leur ligne de crête et celles des conifères a pu être voulu par les architectes – il l’est en tous les cas des photographes.
Construit pour les Jeux d’été de 1976, le complexe de quatre barres en forme de pyramides, signé Roger D’Astous et Luc Durand, utilise un vocabulaire comparable à celui de la Grande Motte à Montpellier et de Marina Baie des Anges à Nice. C’est un peu comme si, à la suite d’analyses ADN, on venait de se découvrir un frère de sang en Amérique ! Baptisé à l’époque « Grand Hôtel », ce bâtiment qui semble avoir été oublié des listes de référence de l’architecture canadienne est encore plus méconnu de notre côté de l’Atlantique. Le travail de Simon Schnepp et Morgane Renou entend lui redonner ses lettres de noblesse et l’inscrire dans une histoire de l’architecture brutaliste mondiale.
Transformé en appartements de luxe après les JO, le Grand Hôtel a néanmoins souffert au fil des ans d’un manque d’entretien et affiche aujourd’hui un taux de vacance important.