Du 27/06/2015 au 25/07/2015
Cette exposition met en avant le lien entre les différents média expérimentés par François Zajéga pendant ces dernières années d’exploration de l’écosystème art-technologie-science.
Influencé par le dessin et son vocabulaire, François Zajéga construit une réflexion esthétique autour des compositions et des systèmes constitués de points, de lignes et de courbes. Ces signes élémentaires insérés dans un espace ou plan donnent lieu à des corps/objets complexes.
Les œuvres réunies dans l’exposition « Matière I Plan I Espace » questionnent la perception de l’espace.
Dans « Paysages intérieurs » - série de boites qui renferment une maquette de paysage visible au travers d’un judas - la dimension tridimensionnelle du paysage, animée et « augmentée » par les projections génératives, est « pervertie » par sa visualisation au travers d’un oeilleton.
Malgré leur proximité et leur matérialité, sujet et objet font partie de deux espaces distincts.
De ce twist perceptif, on passe à une négation de l’espace dans l'installation « Broken lines ». Un réseau constitué de fins fils traverse de part et d'autre l’intérieur d’un cube. Cet espace vibrant exclue le spectateur qui lui perçoit ce volume comme une surface plane.
Les gravures laser issues de l‘oeuvre générative « Tumbleweed » se posent en contre-point à cette installation. Ici les lignes sont gravées dans la matière de plaques d’aluminium peintes et font émaner l’espace d'un plan excavé. Ces « traces soustractives » (Tim Ingold, « Une brève histoire des lignes ») sont le résultat d’une dichotomie entre ajout et soustraction de matière et de lumière.
Enfin les oeuvres bidimensionnelles, les monotypes, évoquent cette lumière par le biais d’une recherche sur la matière et la trace. L’artiste fait ressortir l’empreinte de son geste sur une plaque métallique enduite d’encre. De la rencontre entre l’encre et le papier nait une composition de nuances de noirs.
Les observations de Kandinsky dans « Point ligne sur plan » ne sont pas inconnues à François Zajéga. Ses oeuvres créent des cartographies matérielles et imaginaires. Figées ou animées d'un mouvement imperceptible, elles demandent au spectateur un temps d’observation. En suivant les lignes et les points dans l’espace, l’oeil traverse leur surface en accomplissant une véritable « promenade ».
La contemplation au travers du mouvement lent et subtil amène l’observateur dans sa dimension intime.
Valentina Peri