Du 06/03/2014 au 12/04/2014
Ce n’est pas seulement la vie qui est dans les plis, comme disait Michaux, pensant peut-être aux visages et aux vêtements de fin de journée, mais aussi deux principes contenus : devant la forme repliée le spectateur joue virtuellement avec son extension et son envers. Et d’autre part, l’étirer et la contracter, cette image formée, c’est aussi par les plis lui donner un semblant de la réalité de l’objet, que l’on pouvait oublier dans l’apparition plane de sa représentation . Un objet, une chose manipulée, retroussée, froissée, poussée dans son espace d’accueil à la manière d’un animal que l’on ferait rentrer dans sa cage où l’attend cette portion de nature artificielle. Devant cette peau de papier que forme l’animal, il semble que ce «drapé tombé», comme disait Didi-Huberman («Ninfa Moderna», Gallimard) des restes modernes tombés des idoles et autres Vénus, nous pouvons le relever, et de cette draperie, à la manière d’une cape nous envelopper pour un instant des impressions de l’enfance. Et partir avec dans le paysage . En effet le paysage fait ici son entrée . J’ai commencé par le placer de manière très distante, floue comme une couleur de fond qui détacherait la forme comme le souvenir d’une lointaine ambiance d’où viendrait l’animal . Devant lequel il passe ou se replie un moment. Et puis, la nuit est tombée sur ce paysage, et, venues avec elle, ses scènes et ses silhouettes imperceptibles qui hantent les bois. Où rien n’est sûr d’être vu et tout est imaginé. Comme ce photographe de Blow-up d’Antonioni, David Hemmings, qui, cette après-midi là, dans le parc où surprenant des amoureux, il enregistre sans la voir, une scène. Le développement photographique dans l’obscurité de la chambre noire, la dépliera sous ses yeux dans les méandres qu’un décor cachait à son regard. Développée par son imagination la scène n’aura peut-être jamais eu lieu . Ce sont des parcs et des promeneurs qui nous regardent dans l’enclos replié que nous formons, eux, la bête, et nous ici.
Patrick Chambon