Du 20/02/2013 au 06/04/2013
Ce sont de grands dessins. Ils sont souvent grands parce que j'aime y faire entrer des figures qui soient non réduites pour avoir le sentiment qu'entre elles et moi nous semblons partager le même espace. Ne plus être seulement devant elles mais s'y projeter et être vite au dedans de l'image. Tourner autour de la figure, cheminer dans les motifs qui parsèment l'espace alentour, défaire les raccourcis que forment les plis du papier, étirer une forme lovée, la retrouver par un biais : tout ce jeu de déplacement vient d'un travail sur l'anamorphose que j'ai précédemment montré dans la série "Oscar tapi". Les "Chambres" font suite à cette série, où je jouais des motifs décoratifs du tapis pour y faire pulluler des figures s'attrapant et se fuyant. Le Lièvre étant cette figure métaphorique que l'on vient poursuivre et qui se défile de trous en plis à la surface du dessin. Toute une batterie de bêtes n'attendant plus qu'à rentrer dans la feuille. L'animal a ce double intérêt pour moi, alter ego de l'enfance où la sexualité se montre sans le savoir, où le spectacle d'une bête avec une autre, qui joue, qui aime, qui domine ou se soumet, se montre "nue", est toujours un lieu de projection pour l'enfance. L'animal non seulement figure de l'autre, mais figure de notre rapport à la nature, ainsi mes Cerfs, ânes et singes sont saisis dans ces espaces où le fond lointain recrée cet élément d'artificielle nature propre aux enclos des zoos où l'oeil touche la bête. Le collage fait parti du grand principe de ce travail, il me permet de plier les formes à mon dessein, à la manière du cinéma, de raccorder et de monter un plan improbable à un autre éloigné, et d'arriver à cette impression de peau et de tissus que peut former parfois le pli d'une chose.
Patrick Chambon